Parlez-nous de votre lieu de résidence, ville ou région, activité et si ou ce que vous aimez votre lieu de résidence ?
De retour d’un long voyage de 8 mois, je suis actuellement entre plusieurs lieux, et je n’ai pas décidé encore quand, ni où j’allais poser mes valises. Mais si je devais parler de Chamonix, là où je suis née et où je reviens toujours, ce serait pour évoquer les souvenirs d’enfance. Les balades en forêt, l’odeur de résine chaude, les brindilles, le bruit de la rivière, les chemins de terre ferme et douce. Le froid saisissant de l’hiver, le parfum subtil de la neige, l’éclat scintillant des jours de beau temps quand tout est immaculé. Grandir à l’abri de ces montagnes a été une bénédiction, je m’en suis rendue compte en devenant adulte. Et j’ai beau les connaître par coeur, je ne me lasse pas de leur beauté, et je ressens toujours autant de gratitude à l’idée que mes racines sont ici.
Vos adresses incontournables près de chez vous ? (restaurant, marché, galerie, musée, à ne pas manquer, adresse intime ou secrète, etc)
Mes lieux préférés à Chamonix sont le Mumma, un resto fusion asiatique où les saveurs m’éblouissent à chaque fois que j’y mange. Ils ont aussi un bar façon beer garden qui s’appelle le Shack, très sympa pour l’apéro. Il y a également la superbe brasserie Rose du Pont, un petit bijou ambiance belle époque avec une vue incroyable, j’y passe des heures. Et le jardin de l'Hôtel Mont-Blanc, très agréable l'été pour un goûter au calme, les pieds dans l'herbe. Côté culture, je recommanderais la Librairie Sauvage, très belle sélection de livres et papeterie, et ils organisent parfois des expositions.
Côté nature enfin, bien que toutes les balades du coin offrent en récompense un panorama exceptionnel, l’un de mes endroits favoris est le village d’alpage des Ayères, au-dessus de Servoz. Une promenade bucolique au milieu des prairies fleuries pour parvenir jusqu’au plateau, entre vue Mont-Blanc, petits chalets et vastes étendues colorées. Et le silence. C’est le paradis.
Vos adresses préférées sur Terre ?
Incontestablement Paris, bien sûr. Le Japon, que j’ai découvert récemment et dont je suis tombée amoureuse. J’ai aussi une passion pour le Bassin d’Arcachon et plus largement pour la côte Basque. L’Italie, même si je n’y vais pas assez souvent à mon goût. Et puis l’hôtel Cervo, à Zermatt.
Pensez-vous qu'il soit important de voyager et pourquoi ?
Oui, je pense que c’est primordial. Pour élargir le champ des possibles, s’ouvrir à d’autres cultures, d’autres façons de faire, de vivre. On n’est pas forcé de s’en imprégner ou de se transformer au contact de ces différences, mais ne serait-ce que les observer et les reconnaître constitue déjà une forme d’ouverture. Cela permet de comprendre pourquoi l’on fonctionne différemment d’un continent à l’autre, parfois même d’un pays à l’autre ! Voyager peut aussi amener parfois à se réconcilier avec ses origines, apprendre à voir d’où l’on vient avec un oeil différent, plus attendri, plus aimant. Je ne peux qu’encourager chacun à découvrir cette forme de curiosité et à la cultiver, c’est une richesse inestimable.
Que pensez-vous de l’avenir du voyage et ce que nous devons (citoyens) considérer ?
Je ne pense pas que l’avenir du voyage soit en danger immédiat, quand l’on voit à quel point tout le monde continue à se déplacer frénétiquement, et à quel point le tourisme de masse est en train de devenir un fléau dans certains points du monde. Je ne voudrais pas que nous en arrivions à une forme de régulation stricte et très encadrée des déplacements, mais il en va de la responsabilité individuelle de chacun de faire évoluer sa relation au voyage, en l’envisageant plus comme une expérience que comme un bien de consommation.
Que conseillerez-vous ?
Une forme de moins mais mieux. Partir moins souvent, mais un peu plus longtemps, ce qui permet par exemple sur un format long week-end de prendre le train plutôt que l’avion, et d’intégrer le transport à l’expérience voyage. Il en va de même pour les destinations lointaines : prendre un long courrier, pourquoi pas, mais pour un séjour plus long, où l’on peut vraiment prendre le temps de découvrir, faire plusieurs régions d’un même pays, ou plusieurs pays, selon. Et pas tous les ans.
En tant que femme, comment jugez-vous l’avenir de notre terre ou de nos sociétés. ?
Que ce soit du point de vue écologique, ou du point de vue politique et géopolitique, la manière dont les choses évoluent depuis ces dernières années est plutôt effrayante et anxiogène. Cependant, je suis quelqu’un de nature plutôt optimiste et pragmatique, et très intéressée par la philosophie, ce qui m’aide à prendre du recul sur ce constat peu réjouissant. Je crois à la capacité d’adaptation et de résilience de l’Homme.
Comment pensez-vous y contribuer ? Des femmes qui vous marquent?
En croyant en mes idées et en défendant mes valeurs. Je suis extrêmement attachée à la culture, à l’authenticité, à la valeur du travail et de la création, à l’importance de la pensée critique, de la nuance. Autant de choses qui tendent à se diluer dans une société qui prône la simplification, l’efficacité, l’immédiateté. Je ne cherche pas à aller contre ce mouvement, ni à lutter, mais simplement à proposer autre chose, à défendre une manière différente d’exister et de trouver ma place dans cet ensemble. Les femmes qui m’inspirent : Simone de Beauvoir, Leïla Slimani, Delphine Horvilleur, Julia Nimke (Photographe)
Quel serait votre rêve de voyage ?
J’ai déjà réalisé un sacré rêve en faisant ces 8 mois à Bali, Nouvelle-Zélande, Australie et Japon, mais évidemment, la liste ne fait que s’allonger une fois qu’on a goûté à ce plaisir ! En vrac : Islande, Écosse, Mexique, Cuba, Albanie, un grand tour d’Italie en train, l’Ouest Américain et Canadien…