Parlez-nous de votre lieu de résidence, ville ou région, activité et si ou ce que vous aimez votre lieu de résidence ?
Ma vie est ponctuée par le rythme des saisons. Comme une nomade, pendant les mois froids de repos de la nature, je m'installe à Genève. Lors que la nature reprend son élan, je vis à la campagne en Haute Savoie. En arrivant à Genève d’Italie, j’ai été captivée par la situation naturelle et stratégique de cette région. Ce qui m’a fascinée, c’est la formule qui permet à tant de réalités différentes et de si haute portée, de coexister dans le rayon de peu de kilomètres carrés. Le résultat est une ville avec les acteurs d’une métropole et la qualité de vie d’un village. Le tout saupoudré avec les valeurs civiques suisses. Ici j’apprécie surtout la proximité du citoyen à l’affaire publique, le respect de la nature et de l’être humain, un dialogue plutôt axé sur la spiritualité que sur la religion, une connexion encore vivante avec l’ancienne sagesse de guérison.
A la campagne, je retrouve la force et la beauté de la nature, mon potager, mes plantes médicinales, mes animaux et beaucoup de silence. La campagne me redonne mon côté sauvage, elle me met en lien avec les éléments, au plus profond de moi-même.
Vos adresses incontournables près de chez vous ? (Restaurant, marché, galerie, musée, à ne pas manquer, adresse intime ou secrète, etc)
L’adresse incontournable est mon élevage d’alpagas. L’endroit intime est la Geltenhütte à Gstaad. A ne pas manquer le restaurant “dans le noir” à Genève.
Vos adresses préférées sur Terre ?
La liste est infinie ! En restant en Italie l’Ile de Caprera en Sardaigne, l’experience Hôtel Su Gologone à Oliena, l’Hôtel Tremezzo sur le lac de Côme, Pollara à Salina et toutes les Iles Éoliennes, Reschio Hôtel in Umbria. Villes : Assisi (sur les traces de San Francesco), Matera, Verona et sa Piazza delle Erbe. Erice, Selinunte et Taormina en Sicile. Restaurant : la Ciau del Tornavento à Neive (regione des Langhe au Piémont).
Pensez-vous qu’il soit important de voyager et pourquoi ?
Oui, c’est déterminant. On peut aborder le voyage de bien des manières mais ce moment restera toujours enveloppé d'un parfum de découverte et d'aventure. On ne sait pas ce qui nous attend ailleurs, loin de nos habitudes prévisibles et répétitives. Ce besoin de découverte a toujours été présent pour l'être humain. Et que cherche l'homme sans cesse ? Je crois qu'il ne cherche rien d'autre que soi-même. Il cherche quelque chose qui puisse lui parler de ce lieu en lui qui est insaisissable et immuable : son âme. Ainsi, dans chacun de nos voyages, nous avons l'occasion d'ouvrir une nouvelle fenêtre sur elle, de comprendre cette partie qui reste toujours fixe au milieu du passage du temps. Ce n'est pas un hasard si l'Odyssée, le récit d'un voyage, est la seule œuvre que nous utilisons pour décrire la vie. Parce qu'elle saisit dès les premiers vers qu'il y a un élément, la mer, mais aussi le flux des événements, du temps, un élément liquide, dans lequel nous faisons continuellement naufrage à la recherche d'une terre ferme, Ithaque, nôtre chez-nous, c'est-à-dire ce qui, au milieu de ce flux, demeure toujours et nous empêche de mourir au quotidien.
Le voyage devient donc un moment sacré d'enrichissement personnel, de plaisir, d’exhaustion de la curiosité, du désir de connaissance et qui nous permet de relativiser notre regard sur les évènements. Comme dans la vie, plus nos barrières intérieures sont disponibles à l’ouverture, plus l’expérience du voyage sera précieuse, je dirais même évolutive.
Que pensez-vous de l’avenir du voyage et ce que nous devons (citoyens) considérer ?
En tant que citoyenne du monde, j'aimerais que chaque peuple conserve et alimente à l'avenir ses propres traditions, sagesse et culture, pour valoriser ses racines et aussi pour les transformer en une expérience de partage avec les voyageurs curieux. À l'avenir, j'organiserais moins de voyages, mais très significatifs. Définitivement expérientiels. Pour que le voyage soit enrichissant, il faudrait essayer de le rendre aussi authentique que possible, afin de pénétrer dans les profondeurs de la culture locale et de ne pas se déplacer que sur la surface.
Que conseillerez-vous ?
Je suggérerais de chercher la beauté. Sa magie n’est pas banale ou légère car chaque fois que nous sommes en présence du beau nous vivons un instant de stupeur et d’émerveillement qui nous propulsent immédiatement vers notre élévation et vers l’essentiel. Ainsi on accède aux micro-expressions déplacées dans l'espace et le temps de l'étincelle divine qui vit dans l'être humain. La beauté devrait-être un véritable exercice : la beauté des choses, des personnes, des idées, des manières, des mots, la beauté de la vie. Je crois que l'exercice de création et de partage de la beauté est l'une des plus hautes vertus, l'un des plus beaux cadeaux que l'on puisse faire à soi-même et à son prochain afin de lui la laisser découvrir le long de ses voyages. Le voyage est finalement un synonyme du : « Je viens découvrir comment et où tu as rencontré la beauté ».
En tant que femme, comment jugez-vous l’avenir de notre terre ou de nos sociétés ?
Poser une question à mon côté féminin, signifie de me demander d'accéder à mon intuition, sans passer par le côté rationnel qui peut être conditionné par certaines images actuelles. Dans ce contexte, je ne peux qu’affirmer avec conviction que je suis extrêmement positive quant à l'avenir. J'ai une foi totale dans l’énergie de la vie et ses cycles et je sais que l'avenir n’est qu’une projection sur laquelle nous avons entière responsabilité et pouvoir. En tant qu'individus d'abord et en tant que collectivité ensuite. Nous avons juste un mur à abattre : celui qui nous empêche de comprendre qui nous sommes.
Comment pensez-vous y contribuer ?
J’ai choisi de prendre une position claire par rapport aux enjeux actuels. De valoriser le processus de changement du bas vers le haut. Je n’ai donc pas hésité à quitter mes étiquettes, pour me dédier à une activité très humble grâce à laquelle j’impose du pouvoir que sur moi-même, au service de mon moi supérieur et dévoué au bien de tous. Je matérialise mes valeurs, forge mon évolution intérieure et grâce aussi aux animaux, je me mets en jeux afin d’augmenter ma conscience. Dans le silence de la nature, ma vie devient une périphérie en mouvement autour d'un axe immobile en ce moment de vacuité qui permet de libérer de la lumière. Je ne suis plus victime des circonstances, je deviens la cause du monde qui m’entoure. Je me transforme quotidiennement dans le monde que j’aimerais voir. Voici ma meilleure manière de contribuer à la construction d’un être humain plus éveillé qui participe au monde actuel mais qui n’en est pas soumis.
Des femmes qui vous marquent ?
Je suis marquée par toutes les femmes bienveillantes, curieuses et passionnées qui s’entraident sachant dépasser leurs différences. Les femmes vraie, magiciennes, talentueuses et sauvages. Celles qui voient avec la perspective de la sagesse et ont le courage d’aller se chercher dans le plus profond. Celles qui connaissent la force de l’amour et en alimentent le réservoir. Toutes les femmes qui se sont souvenues d’avoir en eux la force d’un océan et la tendresse d’une caresse et qui ont décidé de mettre ces forces à disposition du bien des autres.
Quel serait votre rêve de voyage ?
Il y a un voyage que j’ai commencé il y a 19 ans et qui sera de toutes façons le voyage plus long de ma vie : celui qui va de l’extérieur à l’intérieur, de la tête au cœur. L’univers ne fait que prétendre être fait de matière. Secrètement il est fait d’amour et notre cœur est la porte d’accès pour le comprendre.
En avion, mon rêve de voyage est le prochain : le Pérou pendant l' « Alpaca Fiesta » pour aller mieux connaitre les animaux qui ont croisé mon chemin, leurs racines historiques et culturelles.