Sciuscià est un terme napolitain dérivé de l'anglais shoeshine qui désigne un cireur de chaussures. Deux ans avant de rentrer dans l'Histoire du cinéma avec "Le Voleur de bicyclette", Vittorio De Sica réalise avec Sciuscià l'un des premiers grands films du Néoréalisme italien. Témoin direct de la misère sociale, Sciuscia se situe délibérément loin d'un cinéma sophistiqué avec des acteurs et des décors choisis pour leur apparente simplicité. Récompensé par l'Oscar du meilleur film étranger en 1947, ce chef d'oeuvre épuré et bouleversant adopte avec un ton souvent proche du documentaire le point de vue des enfants de la Guerre, livrés à eux-mêmes, qui tentent de survivre à la sortie du conflit. Malgré le désir de retrouver une innocence trop tôt envolée, la réalité reprend souvent le dessus et les conditions d'incarcération des jeunes renvoient aux tensions vécues peu de temps auparavant. Les trahisons, les collaborations, les sévices et même les conditions hygiéniques renvoient encore et toujours aux pires heures de La Seconde Guerre Mondiale et parviennent même à briser l'amitié voire l'amour entre deux êtres. Pour Vittorio De Sica, les enfants ne devraient jamais connaître la haine, la barbarie, les blessures...mais ils ne peuvent malheureusement pas s'envoler comme à la fin de Miracle à Milan pour y échapper.
Synopsis : Rome en 1945. La guerre est finie. Deux enfants défavorisés, Giuseppe et Pasquale, se livrent au marché noir afin de réaliser leur rêve : acheter un cheval. Ils sont arrêtés et envoyés dans une prison pour mineurs où règnent violence et cruauté. Pour épargner le châtiment corporel à son ami, Pasquale, le plus âgé, avoue sa culpabilité mais Giuseppe perçoit l'acte comme une trahison...