SAN GIMIGNANO
Ils étaient là, assis sur un banc, face à l’église, entourant le père. La mère tenait sa main, la fille et le cousin habillés de noir, se serraient à ses côtés.
J’étais assis juste derrière, témoin de cette famille qui sans mots, regardait le soleil passer derrière les tours du village. La toscane se sent.
La terre fait naître des odeurs qui rassérènent et quand le soir les clochers sonnent, la paix vient un peu plus qu’ailleurs vous saluer. La douceur du soir sur une place de village en Italie est unique.
Les hirondelles se rafraichissent d’arbres en arbres et les figuiers, les jasmins et le romarin partagent enfin leurs odeurs précieusement gardées secrètes toute la journée.
Lui, il pensait à cette vie, à ces moments quand la famille se réunit, il touchait celle qui avait été fidèle à ses colères toute sa vie et partagé ses peurs. Elle lui avait donné un fils, peut-être deux, il n’était pas là celui-là. Il avait quitté le village pour être assistant dans la mode à Milan. Le curé me l’avait dit. Il préférait les garçons paraît-il.
Elle, encore une fois semblait respecter son silence en complice habituée. Des fois il faut savoir se taire, quand on est une femme en Italie. Il avait certainement mis son plus beau costume.
On le saluait et conscient de son âge, des jours qui avaient passés sur ces terres, rien désormais ne pourrait plus l’arracher à son banc qui regarde l’église.
Il avait enterré son dernier frère cette après-midi d’été.
N.Ambrosetti
Toscane, Janvier 2018