Après avoir étudié la communication visuelle au National Institute of Design, à Ahmedabad, puis le photojournalisme et la photographie documentaire à l’International Center of Photography de New York, Dayanita Singh travaille pour divers magazines. Soucieuse de décrire les problèmes sociaux et de s’affranchir des clichés liés à l’Inde, elle abandonne ce genre pour se consacrer, dès 1992, à des portraits de familles urbaines, économiquement privilégiées, occidentalisées, qui évoluent dans un monde fermé, encore peu documenté, mais qu’elle connaît bien. Ces images sont publiées en 2003 sous le titre "Privacy". Deux ans auparavant, ses photos illustraient déjà le livre de Mona Ahmed.
L’artiste voyage beaucoup grâce à une bourse : à Calcutta, elle photographie des chaises, des lits vides ; à Boston, Venise ou dans le sud de l’Inde, elle réalise des
« portraits de meubles » ; elle construit des images autour des portraits et des effets personnels de disparus.
"Sent a Letter" rassemble sous la forme de sept petits livres, fabriqués en accordéon, ses travaux, liés à sa propre histoire et à celle de l’Inde. Ici comme ailleurs, elle réfute toute notion d’indianité et invite le spectateur à se perdre et à laisser libre cours à son interprétation dans ses clichés. Un caractère intemporel que l’on retrouve dans la série "Dream Villa" ou dans ses paysages industriels, "Blue Book", qui sont des images expérimentales où elle abandonne le noir et blanc pour « apprendre à parler en couleurs ».