On sait que Baudelaire fut de ceux qui, cherchant toujours leur part d'absolu, se laissèrent tenter par la promesse d'ivresses nouvelles. En lisant la prose poétique qui nous restitue ces visions de haschisch et d'opium, on ne peut qu'être envoûtés à notre tour. La beauté de cette prose tient du rêve ; elle a quelque chose de composite et de bizarre : le poète oscille entre le récit et l'essai, l'analyse et la traduction. Il trouve en effet certaines de ces visions dans les écrits autobiographiques de Thomas de Quincey auxquels est consacrée la deuxième partie des Paradis artificiels. Mais il ne faut pas que ces paradis entrevus demeurent artificiels, ils doivent prendre corps au sein de la création ; pour cela, le poète doit instaurer un équilibre en maîtrisant son rêve. La seule drogue qui mérite qu'on se damne pour elle, c'est la Poésie !
Faut-il partir ? Rester ? Le voyage intérieur initiatique n'est pas le seul qui enfante des beautés inconnues ?